Au niveau de rejet qu’il a atteint, et à moins d’une initiative politique forte, il n’y a aucune chance que François Hollande redevienne audible. Ses discours se perdent en généralités, le son de sa voix est couvert par les sifflets et les huées, et ce ne sont pas quelques appels à l’union républicaine agrémentés de convocations de l’histoire qui suffiront à lui redonner des marges de manœuvre.
Mais, contrairement aux apparences, la paralysie du pouvoir n’est pas la conséquence inéluctable de l’impopularité. Ce que reprochent trois Français sur quatre, c’est
l’amateurisme du pouvoir, ses zig-zags, l’absence de résultats et le sentiment de souffrir pour rien. Ce qui fait douter jusqu’à son propre camp, c’est le manque de fermeté du chef de l’Etat. Ce qui fait monter la protestation, c’est le sentiment que la casse (des portiques, des radars) ou la menace (des jeunes dans la rue) suffiront à faire reculer le gouvernement. Et par-dessus tout, ce qui nourrit cette impopularité historique, c’est le sentiment d’avoir été grugés par les promesses de campagne, d’avoir cru qu’il suffirait de faire partir « l’autre », de taxer les riches, de combattre la finance et de montrer ses petits poings à Angela Merkel pour repeindre en rose bonheur une France enfin apaisée.
Un peu comme il y a un bon et un mauvais cholestérol, il existe pourtant, face à cette dramatique impopularité, une bonne impopularité, tout du moins une impopularité productive : celle qu’ont traversée tous les gouvernements qui ont entamé de vraies réformes. Profondes, douloureuses. Et impopulaires. Mais qui l’ont fait après les avoir expliquées et avoir été élus sur un programme tranchant de redressement, sans hésiter à remettre en cause leur modèle de développement. Tous l’ont payé d’une impopularité record, mais tous commencent à engranger des résultats. Et une popularité nouvelle.
Nicolas Beytout
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