Les controversés « ABCD de l'égalité », censés lutter contre le sexisme, arrivent dans 600 classes.
Les «ABCD de l'égalité» arrivent dans les classes de primaire. Le lancement a eu lieu ce lundi en grande pompe dans une école de Villeurbanne par le ministre de l'Éducation nationale,Vincent Peillon, et sa collègue des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, qui portent conjointement cette expérimentation.
Au total, dix académies volontaires*, soit plus de 600 classes, sont concernées par ce dispositif visant à «déconstruire les stéréotypes de genre» et à «transmettre, dès le plus jeune âge, une culture de
l'égalité et du respect entre les filles et les garçons, en agissant sur les pratiques des acteurs de l'éducation et sur les préjugés des élèves». Objectifs affichés: sensibiliser les élèves aux représentations et aux rôles assignés aux filles et aux garçons, et agir ainsi sur les orientations professionnelles que l'on sait sexuées.
l'égalité et du respect entre les filles et les garçons, en agissant sur les pratiques des acteurs de l'éducation et sur les préjugés des élèves». Objectifs affichés: sensibiliser les élèves aux représentations et aux rôles assignés aux filles et aux garçons, et agir ainsi sur les orientations professionnelles que l'on sait sexuées.
Une initiative qui, pour la ministre des Droits des femmes, s'inscrit dans une démarche plus globale se proposant d'agir sur les mentalités, et dont l'école est un volet. Avant même d'avoir été lancée, l'expérimentation a déjà fait couler beaucoup d'encre, jugée nécessaire par certains, creuse pour d'autres, ou encore purement idéologique. Ainsi l'Observatoire de la théorie du genre, créé l'année dernière sur fond d'adoption de la loi sur le mariage gay par Olivier Vial, président du syndicat de droite UNI, invite-t-il à la vigilance. Tout comme des responsables de l'Association des familles catholiques (AFC), qui craignent à l'école une démarche de déconstruction des repères transmis par les parents.
Des heures de formation spécifiques
En 2014, plusieurs milliers d'élèves, de la maternelle au CM2, feront l'apprentissage de cette égalité, via des séquences pédagogiques mises en œuvre par les enseignants. En amont, ces derniers ont suivi, de septembre à la Toussaint, des heures de formation spécifiques les appelant à s'interroger sur leurs pratiques et à comprendre dans quelle mesure celles-ci ne pourraient pas contribuer à faire vivre les stéréotypes à l'école.
En juillet dernier, un rapport de l'Inspection générale de l'Éducation nationale, expliquant notamment que les enseignants n'avaient pas les mêmes attitudes à l'égard des deux sexes, concluait à une école entretenant les inégalités, malgré le volontarisme affiché. En cause, selon ses auteurs: notre tradition républicaine elle-même, qui peinerait à «voir des garçons et des filles, pour ne considérer que des élèves dans une conception désincarnée de l'égalité». Pour aborder la question dans les classes, les enseignants peuvent également s'appuyer sur un espace Internet dédié, ouvert le 1er octobre dernier par les deux ministères, où sont proposés «ressources» et «outils».
Exemples: cette séquence pédagogique autour des «représentations esthétiques de l'enfant, de la femme et de l'homme» au fil des siècles, du portrait par Rigaud de Louis XIV portant des talons hauts, au smoking pour femme d'Yves Saint Laurent en 1966 ; ou cette réflexion sur «la figure de la belle» dans les contes. Objectifs: démontrer aux enfants que les notions de féminin et masculin évoluent suivant les sociétés et les époques.
Pour les deux ministères, le but est de «sensibiliser les élèves aux représentations, aux rôles assignés aux filles et aux garçons» et d'aider les enseignants dans cette tâche en offrant «des entrées au sein de programmes officiels existants: sciences, éducation physique et sportive, maîtrise de la langue, histoire…». Ces séances autour de l'égalité peuvent donc être déclinées dans l'ensemble des disciplines, en fonction des choix de l'enseignant.
L'expérience sera évaluée au printemps 2014, avant d'être progressivement généralisée si elle se révèle concluante.
* Bordeaux, Clermont-Ferrand, Créteil, la Corse, la Guadeloupe, Lyon, Montpellier, Nancy-Metz, Rouen, Toulouse.
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