Publié le mardi 28 janvier à 19h38
Par Luc de Barochez, Rédacteur en chef numérique
Quelle horreur ! François Hollande conseillé par Peter Hartz, le père de la réforme du marché du travail en Allemagne ! L’homme qui a conseillé et inspiré le chancelier Gerhard Schröder, et dont les recettes ont permis de diviser par deux le taux de chômage ! Les cris d’orfraie ont fusé. Pour Jean-Claude Mailly (FO), il est « celui qui a cassé le droit des chômeurs en Allemagne», pour Thierry Lepaon (CGT), il est « le père des minijobs». Pour Florian Philippot (FN), il est «l’homme qui a saccagé les droits des travailleurs». L’Elysée s’est empressé de démentir. Fin de l’histoire.
Quel dommage ! Car en réalité, si François Hollande ne devait avoir qu’un seul collaborateur, ce devrait être lui. Peter Hartz a tout simplement remis l’Allemagne au travail. Il a su bâtir il y a dix ans un consensus entre syndicats et patronat, entre Etat fédéral et Länder, pour affirmer que le chômage de masse (plus de 11% de la population active à l’époque) était un cancer insupportable, que l’Allemagne n’était plus compétitive, que le « traitement social » du chômage avait échoué, et qu’il fallait donc développer une politique de prévention, en rendant plus intéressant le fait de travailler que d’être au chômage. En réhabilitant la responsabilité individuelle plutôt que l’assistanat.
Cette politique a réussi car le chancelier a déployé une volonté politique sans faille pour surmonter des obstacles qui n’étaient pas moins nombreux en Allemagne à l’époque qu’ils ne le sont en France aujourd’hui. Gerhard Schröder et son parti, le SPD, ont payé un prix politique élevé pour cela. Mais la courbe du chômage a été inversée. Pour de bon. Par un dirigeant social-démocrate qui était, aussi, un homme d'Etat.
Luc de Barochez
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