Cette mesure s'inscrit dans un vaste programme visant à renflouer les caisses du système de santé britannique dès 2015.
La chasse aux dérives est ouverte outre-Manche. Courant mars, le gouvernement britannique devrait dévoiler les tenants et aboutissants d'un programme visant à réduire d'environ 600 millions d'euros chaque année les dépenses publiques de santé dès 2015. Une réforme de grande ampleur, reposant essentiellement sur la suppression de certaines prestations gratuites accordées aux étrangers non-membres de l'Espace économique européen qui ne cotisent pas au NHS (National Health Service).
Disposition emblématique, ces ressortissants, qu'ils soient résidents ou de passage, ne pourront plus accéder aux urgences hospitalières sans l'acquittement d'un montant forfaitaire, qui pourrait atteindre, selon le Daily Mail , une centaine d'euros (une prise en charge coûte
en moyenne 130 euros à l'Etat, d'après le think tank King's Fund). Seuls les patients munis d'un numéro de sécurité sociale ou d'un passeport européen en seront dispensés. Objectif prioritaire: désengorger des services «au bord de l'implosion», selon une formule de Bruce Keogh, rédacteur d'un rapport sur l'état de l‘A&E (Accident & Emergency). Personnel surmené, multiplication des admissions bénignes (environ 40%), délais d'attente interminables, etc. Selon lui, la situation est devenue «préoccupante» en 2013.
«Bien sûr, personne ne se verra refuser une intervention si la situation est jugée critique» a fait savoir le ministère de la Santé, rapidement confronté aux plaintes de certains praticiens qui dénonçaient une mesure «inique». Le recouvrement des sommes dues pourrait donc avoir lieu une fois l'état du patient stabilisé, ou dans les jours suivant son admission. «Problème: dans le cadre d'un séjour de courte durée, comment s'assurer que la personne va bien payer avant de rentrer chez elle?», interroge l'Association des médecins britanniques (BMA). Si le Royaume-Uni dispose d'accords de réciprocité avec une quarantaine de pays, dont ceux de l'Espace économique européen (EEE), aucune convention n'existe entre lui et les Etats d'Afrique, d'Amérique du Sud et d'Asie (hormis le Japon et les Philippines).
Les travaillistes, globalement sceptiques, ont par ailleurs exprimé des doutes sur les véritables retombées économiques d'une telle mesure. En clair, les lourdeurs administratives risquent de grever considérablement les bénéfices attendus. «Sans parler d'une surcharge de travail considérable pour le personnel soignant qui, en plus de ses tâches habituelles, endossera le costume d'agent de l'immigration», ironise un membre de l'opposition.
Endiguer le tourisme médical
David Cameron l'avait annoncé fin novembre dans une tribune au Financial Times: le gouvernement compte durcir le ton cette année face aux dérives économiques de l'immigration. Au premier plan des sujets sensibles, le tourisme médical (le fait de venir dans un pays pour bénéficier de soins gratuits) qui coûterait chaque année près de 2,4 milliards d'euros à l'Etat. «Notre système de santé est l'un des plus généreux au monde pour ce qui est de la prise en charge des étrangers. Il est temps de voter des mesures pour redonner à ce dispositif un caractère national, et non international», a déclaré fin décembre le secrétaire d'Etat à la Santé, Jeremy Hunt.
En avril 2015, les étrangers non-cotisants n'auront plus accès à toute une série de services jusqu'alors pris en charge par la sécurité sociale: délivrance d'ordonnances, médicaments en pharmacie, soins dentaires et optiques, etc. Les consultations chez le généraliste, les visites au planning familial et dans les centres de dépistage des épidemies, elles, resteront gratuites. D'ici là, chaque ressortissant non-européen souhaitant résider sur le territoire britannique pour une durée inférieure à 5 ans devra s'acquitter, dès cet automne, du paiement d'une taxe annuelle d'environ 240 euros. Une contribution visant à amortir les nombreuses prestations non concernées par ces nouvelles restrictions.
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