Ecrit le 27 jan 2014 à 10:21 par La Manif pour Tous 33 dans Poing de vue
Lettre d’un sympathisant LMPT 64 diffusée avec l’autorisation de son auteur
Mes amis,
De ces espèces de grandes ballades dominicales dans les rues de Paris à scander des slogans ineptes tout en agitant des petits drapeaux comme au dernier anniversaire de Kim-Jung-Un.
Marre du rose, du bleu et du blanc, des sifflets et des ‘faites du bruit !’, des lodens et des serre-têtes assortis, des bonnets et des drapeaux, des CRS et des merguez !
Marre des ‘chiffres selon la police’ et des ‘chiffres selon les organisateurs’ (qui confirment d’ailleurs de façon inquiétante la dégradation vertigineuse de la maîtrise de l’arithmétique et de la qualité de la santé visuelle en France) !
Marre du communiqué de presse de la Pravda (on dit ‘AFP’ en français) qui, dès 15H17 environ – soit 47
minutes après le début officiel du rassemblement – , sert de seule et unique référence (non vérifiée) aux apprentis journalistes de permanence !
Marre du ‘… pour tous’ servi à toutes les sauces alors que, dans les faits, il se résume trop souvent à : ‘… pour nous’, ‘… pour moi’, ‘… pour elle’, ‘… pour lui’ !
Marre d’être inutile et objectivement si peu performant (La preuve ? La loi Taubira est passée et celle sur l’avortement ‘sans détresse’ aussi !).
Marre de devoir prendre froid sur des enjeux qui ne me concernent pas vraiment directement … ou alors de loin … ou alors pas tout de suite … alors qu’il y d’autres sujets de désarroi collectif nettement plus angoissants (les impôts, le loto, les fachos, NKM contre Hidalgo, Nabilla ou bien Zahia, Dieudonné – paraît-il ?! – et sa ‘quenelle’ … pour n’en citer que quelques uns) !
Marre ne plus pouvoir tranquillement partir me promener à la campagne, mettre tranquillement à jour mes profils LinkedIn et Viadeo, caresser mon iPad, mon chien ou ma femme dans le canapé du salon après le bon gigot du dimanche !
Marre d’être parqué dans le camp d’une minorité conservatrice et catho (l’horreur absolue !) en train de rater le train de la modernité ou d’essayer d’éteindre les Lumières !
Marre, vous dis-je !
Mais en même temps… Je revois cette petite silhouette blanche du 5 juin 1989, sur la place Tienanmen à Beijing.
Je revois cet homme, debout, seul avec ses deux sacs à provisions au bout des bras, face à une colonne de chars qui s’avance lourde et menaçante. Il ne bouge pas. Les chars s’arrêtent. L’homme interpelle le conducteur du premier char. Il monte même sur la machine pour lui parler, le voir, échanger yeux dans les yeux. En vain. L’homme redescend sur le bitume. Le char tente une esquive par la droite. L’homme se replace face à lui. Le char s’arrête à nouveau. L’homme reste debout, minuscule, fragile et avec lui, c’est toute l’humanité qui se redresse, debout, minuscule, fragile pour dire non à la tyrannie mécanique, idéologique, inepte et mortifère des puissants du moment.
Dimanche 2 février prochain, je serai une bûche ; une brindille plutôt.
Presque rien. Un fugace pixel dans le journal de Claire Chazal. Un millième de clic dans les comptages de Manuel Valls. Un congelé dans les frimas de la Chandeleur. Un marcheur de la ‘Manif Pour Tous’ qui se fiche bien de savoir si elle l’est vraiment ou pas, si c’est bien d’y aller ou pas, ou si les Untel y vont ou pas.
Je serai le cadet des soucis de Closer, de François, de Julie, de Valérie et de ma coiffeuse. Un inutile de la dernière heure. Un paisible bourrin de défilé. Un sujet de sarcasmes ou de commisération.
Mais j’irai, car je veux savoir si je suis encore vivant, debout et libre.
Je veux poursuivre l’échange avec ceux qui ne comprennent toujours pas pourquoi on peut foutre en l’air tant de week-ends, de soirées et de nuits pour de telles causes ‘perdues d’avance’.
Je veux dire à mes enfants, aux enfants de mes enfants et à tous ceux qui seront de près ou de loin les victimes de nos renoncements, de nos omissions, de nos petits arrangements avec la justice et la vérité que le 2 février 2014 à 14h37 – je l’avoue – j’ai pensé très fort à eux.
Allez mes amis. Levez-vous. Allons !
Pour la vie, le sexe (et non le ‘genre’) et la famille !
J’aurai grande joie de toute manière à joindre ma brindille à la vôtre. C’est comme cela qu’on commence quand on veut allumer un grand feu.
> le site de La Manif pour Tous du 2 février 2013
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