Si vous n'avez pas lu le "Newsweek" en question cela va vous intéresser ! (JG)
Posted On 07 jan 2014
Michel Garroté, réd en chef –- Décidément, la France ne veut pas changer. La France qui juge les autres avec arrogance ne supporte pas que l’on ose éventuellement parler d’elle sans la porter au pinacle. Dernier exemple en date : un article de Janine di Giovanni paru dans Newsweek. L’article de Janine di Giovanni ne fait qu’évoquer un certain nombre de réalités françaises en des termes qui n’ont rien d’insultant. Or, voici que les médias français, apparemment déconnectés du concept de liberté, s’acharnent contre Newsweek et crient au scandale.
Les mêmes médias français qui tous les jours publient des articles américanophobes, israélophobes et christianophobes se mobilisent pour lyncher Newsweek et Janine di Giovanni. J’ai lu l’article de Janine di Giovanni.
En comparaison de ce que la presse française écrit sur les Etats-Unis, sur Israël et sur les Chrétiens, l’article de Janine di Giovanni est modérément critique. On me dit que l’article de Janine di Giovanni comporterait des erreurs. Et alors ? Je lis de grossières erreurs, d’énormes erreurs, tous les jours, dans la presse française. Je n’ai pas pour autant vu Newsweek s’insurger contre cela.
Mais lorsque Newsweek, The Economist, The Financial Times, Die Frankfurter Allgemeine Zeitung, Die Neue Zürcher Zeitung, El Diario ABC ou Bilan traitent du déclin français, les médias et de l’Hexagone se déchaînent. Une fois encore, je note que les Français semblent totalement déconnectés du concept de liberté : liberté d’expression ; liberté de critique. La France se croit autorisée à critiquer le monde entier. Mais le monde entier doit s’abstenir de critiquer la France.
A ce propos, je signale en passant que dreuz.info, qui existe depuis 2007, se fait insulter dès qu’il publie la moindre analyse critique de la France, de ses partis politiques et de son système économique. Dreuz.info compte — selon l’importance de l’actualité mondiale — entre 650’000 et 1,2 million de visites mensuelles. Peut-être que si dreuz.info se montrait plus complaisant envers la France, il aurait encore beaucoup plus de lecteurs qu’il n’en a déjà. Peut-être. Seulement voilà : dreuz.info aime sa liberté ; et cela passe avant les chiffres, y compris ceux de notre lectorat.
Je ne peux donc qu’exprimer ma solidarité à Janine di Giovanni, correspondante de Newsweek à Paris. Et j’invite Janine di Giovanni à ne pas se laisser abattre par les langues de vipères.
Janine di Giovanni
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Ainsi, Janine di Giovanni, dans Newsweek, a récemment écrit (extraits adaptés ; voir les liens vers les sources en bas de page) : Même si c’est tiré par les cheveux, certains n’hésitent pas à comparer ce qui se passe aujourd’hui en France avec les événements de 1685. Cette année-là, Louis XIV révoque l’édit de Nantes, qui protégeait les protestants de France (ou Huguenots). Essayant d’unir son royaume sous une seule et même religion, le Roi-Soleil fit fermer des temples et persécuta les Huguenots. Résultat, quelque 700 000 d’entre eux s’exilèrent en Angleterre, en Suède, en Suisse, en Afrique du Sud et dans d’autres pays. Les Huguenots étaient près d’un million avant 1685 et étaient considérés comme les abeilles industrieuses de la France. Ils quittèrent le pays sans argent, mais forts de leurs nombreuses compétences. On peut parler d’une véritable fuite des cerveaux.
Janine di Giovanni : Depuis l’arrivée au pouvoir du président socialiste François Hollande en 2012, l’impôt sur le revenu et les charges sociales ont grimpé en flèche. Le taux d’imposition maximal est de 75% et beaucoup de contribuables sont imposés à plus de 70%. Il s’ensuivit une ruée vers la frontière de ceux-là mêmes qui créent la croissance économique : chefs d’entreprises, innovateurs, esprits créatifs, cadres supérieurs. Tous quittent la France pour déployer leurs talents ailleurs. Pour un pays historiquement riche, c’est une tragédie. Le problème des Français, comme on dit, c’est qu’ils n’ont pas de mot pour entrepreneur. Où est le Richard Branson français ? Et le Bill Gates français ?
Janine di Giovanni : « Vous voyez cet homme là-bas ? Je vais le tuer. Il a fichu ma vie en l’air ! ». L’homme qui fulmine en ces termes est un ami avocat qui quitte la France pour la Grande-Bretagne afin d’échapper à la tranche de 70%. Il dit qu’il travaille comme un chien pour financer un Etat dépensier. Celui qu’il montrait du doigt était Pierre Moscovici, le très décrié ministre des Finances, attablé dans un restaurant japonais huppé du VIe arrondissement de Paris. Moscovici avait l’air très content de lui.
Janine di Giovanni : Certes, il y a beaucoup de bonnes choses en France. Une économie qui dispose d’infrastructures performantes, par exemple un service de trains à grande vitesse, le TGV, et Airbus, ainsi que des entreprises internationales, par exemple le groupe de luxe LMVH, qui définissent tous l’excellence à la française. Elle possède la meilleure agriculture d’Europe. Son industrie du tourisme est l’une des meilleures au monde. La France connaît cependant depuis les deux dernières années un déclin constant et notable. La main lourde du socialisme provoque la morosité. Il est de plus en plus difficile de monter une petite entreprise quand on ne peut pas licencier les salariés inutiles et recruter de nouveaux talents. Comme les Huguenots jadis, les jeunes diplômés ne voient aucun avenir pour eux et s’enfuient à Londres.
Janine di Giovanni : Le chômage est officiellement à trois millions de personnes, officieusement plutôt à cinq millions. Le coût de la vie quotidienne est astronomique. Paris est désormais l’une des villes les plus chères au monde, devant Londres. Un demi-litre de lait vaut par exemple 4 dollars [3 euros] à Paris, soit le prix de 3,8 litres dans un magasin américain. Ceci s’explique en partie par l’étouffant Etat nounou. Il y a dix ans, j’ai quitté Londres pour commencer une nouvelle vie à Paris. Après avoir épousé un Français et enceinte de notre enfant, j’étais ravie d’échanger mon appartement de Notting Hill pour un logement donnant sur les jardins du Luxembourg.
Janine di Giovanni : A cette époque, les prix étaient tels que j’ai pu échanger un petit appartement de célibataire à Londres, rugueux mais charmant, pour un appartement familial délabré dans le centre de Paris. Puis les prix se sont mis à grimper régulièrement. A la fin du règne de Sarkozy, les Français qui détestaient son attitude bling-bling ont fait entrer en scène le plan-plan Hollande. Presque immédiatement après, les impôts ont commencé à augmenter. Au début, cela ne me dérangeait pas de payer plus d’impôts qu’au Royaume-Uni pour avoir accès à d’excellents services de santé ou à des écoles savamment subventionnées comme celle où est inscrit mon fils, l’Ecole alsacienne, fondée par l’un des rares Huguenots restant en France à la fin du XIXe siècle.
Janine di Giovanni : En tant que jeune mère, j’ai été surprise par la kyrielle d’avantages offerts si vous remplissiez tous les formulaires : les couches étaient gratuites, le travail de la nourrice était déductible des impôts, il y avait des crèches gratuites dans tous les quartiers. Des travailleurs sociaux sont venus frapper à ma porte pour m’aider à « organiser la crèche », et mon fils a droit à la cantine à un repas complet [entrée, plat, dessert], plus une portion de fromage. Reste que certaines de ces aides sont un pur gâchis. L’Etat français paie notamment pour que des jeunes mères comme moi-même puissent voir un spécialiste deux fois par semaine pour raffermir leur ventre. Lancée après la Première Guerre mondiale et la disparition de tant de jeunes hommes, cette mesure visait essentiellement à encourager les naissances : jamais votre mari ne voudra vous toucher si vous avez encore vos kilos de grossesse ; quelle idée bien française…
Janine di Giovanni : En regardant autour de moi, j’ai vu combien les gens abusaient de ce système. Des amis syndiqués pouvaient partir en vacances tout l’été et toucher une allocation-chômage de 55% de leur salaire. Un ami cameraman âgé de 30 ans et en possession de tous ses moyens travaillait cinq mois et passait le reste de l’année à vivre des aides de l’Etat dans le confort de sa maison du sud de la France. Une amie employée de banque a passé ses trois mois de congé maternité à faire du bateau en Guadeloupe. Se trouvant dans un territoire d’outre-mer, elle continuait à toucher toutes ses aides.
Janine di Giovanni : Une autre amie banquière qui avait été licenciée s’est accordé presque trois ans pour trouver un nouvel emploi, car l’Etat la payait tant qu’elle ne retrouvait pas de travail. « Et pourquoi pas ? Je l’ai bien mérité », m’a-t-elle répondu quand je l’ai interrogée. « J’ai cotisé pour le système ». Son attitude est largement répandue. Lorsque vous prenez votre retraite, vous êtes chouchouté. Il existe 36 régimes spéciaux – ce qui signifie, par exemple, que le personnel hospitalier ou les conducteurs de train peuvent partir à la retraite plus tôt que les employés du secteur privé en raison de « la pénibilité de leurs conditions de travail », alors même qu’ils ne peuvent pas être licenciés. Mais tout cet argent distribué a conduit l’Etat à la faillite.
Janine di Giovanni : La France étant par ailleurs une nation de nombrilistes à la Jean-Paul Sartre, elle refuse de se tourner vers l’extérieur, vers le village mondial. Pourquoi s’intéresser aux Brics – les marchés émergents du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique de Sud – quand on a Paris ? C’est une philosophie étriquée qui tuera la France. Au Forum économique mondial, qui se tient tous les ans à Davos, la France est toujours sensiblement sous-représentée. L’année dernière n’y assistait qu’une toute jeune ministre, Fleur Pellerin, car c’est apparemment la seule membre du gouvernement à parler anglais couramment. « Les Français n’aiment pas parler anglais, a admis l’un de ses assistants avec lassitude. Ils n’aiment donc pas venir à Davos ».
Janine di Giovanni : Les plus grands esprits français préfèrent s’enfuir à Londres, Bruxelles et New York plutôt que de s’abêtir chez eux. Parcourez une rue du quartier de South Kensington – le nouveau sixième arrondissement de Londres – et essayez de ne pas entendre parler français. Le lycée français qui s’y trouve dispose d’une longue liste d’attente pour les enfants français dont les familles ont émigré. L’ambiance est sinistre lorsque j’écoute mes amis français sur ce sujet. D’après un fonctionnaire expérimenté des Nations unies, aujourd’hui installé en Afrique, « les plus grands penseurs de France ont quitté le pays. Tout ce qu’il y reste désormais, c’est la médiocrité ».
Janine di Giovanni : « La France meurt à petit feu », affirme le responsable juridique d’une grande entreprise française. « Le socialisme est en train de la tuer. Elle ressemble à une famille de riches aristocrates incapable de se défaire des domestiques – un peu comme dans la série Downton Abbey ». « L’économie mondiale a pris tant d’ampleur qu’un Etat-nation ne peut plus jouer le même rôle qu’il y a dix ans. Les Français n’en ont pas encore pris conscience ». Pour prendre un nouveau départ, la France doit se débarrasser de la vieille garde et se réinventer. François Hollande n’était pas allé en Chine avant de devenir chef d’Etat en 2012 – et il a 58 ans. Le gouvernement est tellement replié sur lui-même et les fonctionnaires sont tellement détachés de la réalité que ce pays en est venu à se voiler la face.
Janine di Giovanni : C’est en partie la faute du système éducatif et notamment des grandes écoles, où sont formés la plupart des hauts fonctionnaires. Que ce soit François Hollande, son ex-épouse Ségolène Royal – candidate socialiste à l’élection présidentielle de 2007 – ou l’ex-président Jacques Chirac, mais aussi la plupart des Premiers ministres depuis 1958, tous pensent que la France est encore une superpuissance. Pourtant, la triste réalité est tout autre et la France est plus proche de l’Espagne ou de l’Italie que du Royaume-Uni ou de l’Allemagne. Il y a bien quelques visionnaires, comme Christophe de Margerie, le PDG de Total, une multinationale dans le secteur de l’énergie. Il parle un anglais parfait et passe l’essentiel de son temps à négocier des contrats en dehors de France, mais il reste une exception.
Janine di Giovanni : J’aime beaucoup mon pays d’adoption et je ne veux pas en partir. Je souhaite que mon fils finisse sa scolarité en France. J’espère qu’il ne s’enfuira pas à Wall Street ou à la City de Londres, mais bien qu’il restera ici pour construire une France meilleure. Pour cela, il faut toutefois que les politiciens comme François Hollande laissent la population respirer. La créativité et la prospérité ne sont au rendez-vous que lorsque les citoyens peuvent construire, innover et s’épanouir, a conclu Janine di Giovanni dans son article publié par Newsweek (fin des extraits adaptés ; voir les liens vers les sources en bas de page).
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© Michel Garroté réd en chef www.dreuz.info
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