Retrouvez Cécile Philippe, directrice de l’Institut économique Molinari, sur les ondes de Radio classique.
Il s’agirait d’une catégorie de produits estampillée 0 réglementation, à savoir que les pouvoirs publics se gardent de la soumettre à une règle spécifique. Ils seraient régis en France par le code civil et rien que le code civil, en particulier l’article 1382 selon lequel : « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer. »
Que pourrait-on y mettre par exemple ?
Je pense immédiatement à la cigarette électronique. Pourquoi ? Parce qu’elle est sans doute ce qui nous arrive de mieux en la matière et qu’il est malheureusement déjà question de l’embrigader dans un arsenal réglementaire auquel elle survivra difficilement : de l’interdiction de fumer dans les lieux public, au monopole du tabac, en passant par le principe de précaution ou encore l’obligation de la vendre en pharmacie, le chemin est semé d’embûches.
Or, ce produit innovant est largement plébiscité par les consommateurs. Les ventes de cigarettes électroniques ont explosé partout où elle est commercialisée.
Et c’est plutôt une bonne nouvelle car même si 60 millions de consommateurs soulignaient que la
cigarette électronique n’était sans doute pas parfaite, nombre de médecins considèrent qu’elle est quand même moins nocive que la cigarette traditionnelle car elle ne contient ni goudron, ni monoxyde de carbone, les deux substances considérées comme le plus problématique pour la santé.
On laisserait donc ce produit évoluer au rythme des innovations et de leur mise sur le marché. Ne court-on pas le risque de voir trop de mauvaises innovations se déverser sur le marché ?
Ce serait vrai si les acteurs n’étaient pas rendus responsables de leurs actes. Aucune entreprise qui veut durer et se développer ne peut se permettre de lancer n’importe quel produit sur le marché car elle est justement soumise à la responsabilité juridique et a un impératif de bonne réputation. Les entreprises investissent des centaines de milliards dans leur marque pour créer et maintenir une réputation qui du jour au lendemain peut être ruinée en cas de scandale. À l’heure des réseaux sociaux, le risque serait encore plus grand et donc l’incitation à la prudence énorme.
Et pour les consommateurs, ne vont-ils pas être perdus ?
Je crois au contraire que cela augmenterait leur attention quant à ce qu’ils consomment. Un des effets de l’excès de règles, c’est justement d’inciter à un excès de confiance qui peut in fine conduire à prendre trop de risque. Ça me fait penser à cette expérience incroyable menée dans la ville de Drachten aux Pays-Bas. Tous les panneaux de signalisation routière ont été retirés (feux rouges, stop, etc.). Or, cette déréglementation a conduit à une augmentation de la sécurité, stimulée par le sentiment du danger et de la responsabilité. De ce fait, quantité de villes allemandes et hollandaises ont réduit leur nombre de panneaux de signalisation.
L’espace « zéro règle » aurait cette vertu d’inciter les producteurs à la prudence et les consommateurs à la vigilance sans pour autant freiner l’innovation.
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