dimanche 5 janvier 2014

Et si François Hollande devait être jugé pour crime contre l'économie : l'acte d'accusation



Jean-Jacques Netter dresse le bilan de l'année 2013. Résultat : la France est en train de découvrir qu'elle n'a pas besoin du petit bricoleur du marché de Tulle.


9François Hollande peut remercier Nafissatou Diallo et Dominique Strauss-Kahn sans lesquels il ne serait jamais devenu président de la République. Le candidat Hollande a très vite oublié qu’il avait été élu par défaut. Ayant déclaré pendant sa campagne électorale, haut et fort au Bourget en janvier 2012 : « Mon adversaire c’est le monde de la finance », il a mis en oeuvre toute l’année son programme.
Dans une démocratie, on n’attend pas d’un président qu’il reste figé sur son programme électoral pendant toute la durée de son mandat, mais que face aux réalités, il prenne les bonnes décisions pour le pays. Au lieu de cela, pour s’inscrire dans la continuité chiraquienne, François Hollande a mis en place le chantier pour faire en sorte que la France devienne une grande Corrèze. Il fallait donc, ce qui a été fait, commencer par dire que tout ce qui allait mal en
France était de la faute des autres : la mondialisation, l’Allemagne, l’euro... On pouvait s’accommoder du déclin de la France pourvu qu’il soit lent et confortable. Vive les foires aux bestiaux et les arts premiers...
Plutôt que d’affronter la crise économique, dont il niait l’ampleur, François Hollande a préféré s’occuper des sujets sociétaux : le mariage pour tous, l’immigration, la justice...

La promotion Voltaire est partout

Les promesses de la présidentielle d’un Etat impartial ont été également bien vite oubliées. Le décalage entre les propos de campagne et la pratique du pouvoir a été particulièrement visible.
La promotion Voltaire de l’ENA est surreprésentée. François Hollande a placé ses camarades de promotion à tous les étages de l’administration et de la vie politique. Personne ne doute de la qualité du millésime de cette promotion mais le dosage semble vraiment excessif.
Les entrepreneurs sont des gens incompétents pour les énarques, car il n’y a que ceux que Charles Gave de GaveKal désignait dès 1991, dans un papier de « Cecogest », comme les Petits Hommes Gris (PHG) à la tête de « l’Etat Stratège » qui sont les hommes d’appareil, seuls compétents pour organiser notre avenir. Les PHG de gauche et de droite très majoritairement, luttent en permanence contre l’existence des entrepreneurs, qui sont leurs principaux concurrents, car ils vivent eux dans le monde réel. C’est pourquoi les PHG nous expliquent en permanence, que pour réduire les déficits, il faut malheureusement augmenter les impôts, car c’est de la bonne et saine gestion et puis surtout cela conforte le pouvoir des PHG. Partout où ils sévissent, la croissance économique s’évanouit, la rentabilité du capital baisse, le chômage augmente, les taux d’intérêt finissent par monter, car le capital est gaspillé. C’est une spécificité bien française, car même en Chine, le premier pays communiste du monde, on a compris qu’il fallait respecter l’entrepreneur et le laisser gagner de l’argent. Deng Xiaoping répétait souvent « le gouvernement perdrait le soutien du peuple s’il sanctionnait les entrepreneurs à cause de leur réussite »…

La France est en faillite

Opposer les « riches » et les « pauvres » est le degré zéro de l’action politique. Les excès idéologiques paralysent la circulation des richesses. Cela ne peut pas fonctionner.
La dette de l’Etat a été multipliée par 3,5 depuis 1990, alors que la charge des intérêts n’a pratiquement pas augmenté du fait de la baisse des taux d’intérêts. Si les taux devaient rejoindre leur moyenne historique, il faudrait rajouter 100Md€ au déficit actuel soit 5% du PIB ! L’endettement de la Sécurité sociale est également une véritable bombe financière.
Tout se dégrade dans l’économie française, au début de l’année, mais rien n’attire l’attention. Les investisseurs ne semblent pas voir que la France est en crise. Les Japonais puis les Suisses vont continuer à acheter de la dette française comme si de rien n’était.
En mars, il devient clair que le seul moyen de respecter les engagements de réduction de déficit sans casser la croissance serait la rigueur budgétaire. Les grands chantiers à ciel ouvert qui sont engagés sur les retraites, les allocations familiales, les aides aux entreprises et les indemnités chômage ne font que susciter l’inquiétude. François Hollande sort alors sa « boite à outils ». La France qui est en train de découvrir que la compétitivité est la mère de toutes les batailles n’a pas besoin du petit bricoleur du marché de Tulle. 
Dès le mois d’avril, le niveau de popularité du président est au plus bas de tous les présidents de la Vème République. François Hollande, prend connaissance des couvertures des magazines : "Monsieur faible" pour L’Express, "Pépère est-il à la hauteur ?" pour Le Point, "La gauche piégée par l’argent" pour Le Nouvel Observateur. Dominique Moïsi, économiste professeur au King’s College de Londres, le compare dans le Financial Times à Louis XVI, qui, quelques semaines avant son exécution, passait plus de temps à s’occuper de ses serrures que de gérer la France… A la crise de confiance s’ajoute une crise d’autorité. Pour le président de la République il devient de plus en plus difficile de gouverner en étant aussi impopulaire

La cacophonie gouvernementale est à son comble

En avril, il s’agit d’essayer de sortir de cette cacophonie gouvernementale. François Hollande prend connaissance des solutions proposées par Jean Pisani-Ferry un économiste qui est à la tête de l’Institut Bruegel. Il s’est exprimé dans Le Monde : « La solution consiste à crédibiliser l’engagement de réduction du déficit. Pour cela il faut fonder ses calculs sur des prévisions prudentes, décider dès aujourd’hui des mesures qui s’appliqueront demain..., identifier les gisements d’efficacité dans la sphère publique, programmer la fin des politiques dont le rapport coût-bénéfice est trop élevé, mettre en place les mesures propres à équilibrer les régimes de retraite sur plusieurs décennies, fixer pour l’assurance maladie et le chômage des règles d’équilibre sur le cycle, donner enfin les grandes lignes des réformes fiscales qui apporteront de la ressource sans décourager l’activité ». Malheureusement le président de la République n’écoute même pas les conseils judicieux d’un économiste qui a recommandé de voter pour lui.
Fin avril, François Hollande fin avril est rattrapé par la réalité et par le Parti socialiste. Il faut fournir une explication à l’opinion publique. Claude Bartolone président de l’Assemblée nationale, qui représente le courant central du PS qui a toujours besoin de trouver un nouveau bouc émissaire pour expliquer ses échecs, monte alors au créneau. Il lance une attaque anti allemande contre Angela Merkel, la Chancelière allemande.
On a le sentiment que chaque fois que les médias ont à traiter de sujets pas sympathiques pour le Parti socialiste (Jean Pierre Kucheida ancien député PS et maire socialiste de Liévin condamné pour abus de biens sociaux, Sylvie Andrieux élue PS de Marseille reconnue coupable de détournement de fonds, Gérard Dalongeville ancien élu du PS maire d’Hénin Beaumont, jugé pour faux et usage de faux, détournement de fonds et favoritisme...), on voit réapparaître curieusement des dossiers concernant l’opposition comme s’il s’agissait de  faire contre-feu. Dans l’affaire Christine Lagarde /Tapie/ Crédit Lyonnais, la mise en examen de Christine Lagarde avait été largement annoncée. Elle n’a pas eu lieu. Cette coïncidence pourrait donner de plus en plus à penser que le calendrier judiciaire n’est pas imperméable aux vicissitudes de la vie politique…
En mai, François Hollande n’a pas la partie facile, entre un Parti socialiste qui se déchire sur l’attitude à adopter vis-à-vis de l’Allemagne, des chefs d’entreprise qui attendent de l’Etat une diminution des dépenses publiques, des dirigeants européens qui ont pour objectif un déficit budgétaire contenu à 3%, une opposition qui souhaite une politique économique plus libérale et enfin une gauche de la gauche qui souhaite tout le contraire…
Pour les experts du hollandisme comme Elie Cohen directeur de recherche au CNRS, cette politique s’appelle « la ligne de crête », une sorte de juste milieu qui serait à équidistance entre l’austérité et la relance. Pour le moment, ce à quoi nous assistons ce n’est pas une ligne de crête mais une ligne de descente ou probablement une ligne de fuite, qui débouche dans une impasse, car en période de croissance zéro c’est tout le financement de l’Etat Providence qui est remis en cause.

La récession de l’économie française est enclenchée

Pour changer les anticipations des agents économiques, il aurait été nécessaire de procéder à une thérapie de choc, pas à des mesures partielles qui manquent totalement de cohérence…Cela a eu pour résultat d’ajouter une grave crise d’autorité à une crise de confiance…La France est devenue le pays qui a le taux d’impôt sur les sociétés le plus élevé d’Europe. La charge fiscale est désormais 40% plus élevée qu’aux Etats-Unis et au Japon. Cette situation ne peut qu’aboutir, au cours des prochains mois, à la destruction massive d’emplois dans l’économie française.
Un président de la République ne peut pas tenir en permanence un double langage. Annoncer des mesures en faveur des entrepreneurs et laisser dans le même temps le PS déposer un projet de loi baptisé Florange sur la cession de sites non rentables, puis faire relancer par un autre ministre la « class action » à la française…
Nous allons vers un véritable désastre français estime alors Charles Gave de GaveKal. La France va entrer dans une véritable récession avec un niveau de dette très élevé. Les quelques mesures annoncées par François Hollande pour les entrepreneurs sont bien insuffisantes et arrivent beaucoup trop tard.
Un chef d’entreprise dont le cours de Bourse aurait baissé de 75% en un an, comme la baisse de popularité de François Hollande, et qui dirait devant l’Assemblée Générale de ses actionnaires « Je ne change rien à ma politique, il n’y a qu’une seule ligne c’est la mienne » rencontrerait inévitablement de gros problèmes pour se maintenir durablement à la tête de la société...

L’euro ne peut survivre en l’état

L’Europe se montre incapable d’assurer un fonctionnement durable de l’euro. En revanche elle excelle dans la bureaucratie et reproduit un conformisme idéologique qui ne jure que par l’immigration et le multiculturalisme. L’euro qui protège la France de ses désordres est en réalité un vrai piège.
Ce sont les technocrates qui ont tué la croissance en Europe explique en février Charles Gave de GaveKal. En ne voulant pas traiter le problème de l’euro, il n’ y aura bientôt plus d’usines en Europe, sauf en Allemagne. La classe des technocrates qui a créé l’euro fait tout pour qu’il survive, même si cela doit amener la ruine des populations européennes…
En avril en  Europe, une réorganisation de l’Europe monétaire s’impose de toute urgence car l’euro ne peut survivre en l’état très longtemps. Markus Kerber professeur de Finance à l’Université de Berlin a expliqué dans le cadre du Cercle Interallié à un auditoire de grands gérants de la place de Paris qu’il fallait que l’Allemagne crée une autre monnaie qui porterait le nom de « Gulden » avec les pays du nord. Cela permettrait au pays du sud de dévaluer leur monnaie afin de repartir sur un bon pied. Le Gulden serait ouvert à d’autres pays comme la Pologne. Pour lui la France serait la bienvenue si elle se mettait à gérer ses finances publiques de façon réaliste.
Il faut détricoter l’euro pour sauver l’Europe. L’euro est la monnaie fédérale d’une Union qui n’est pas une fédération. Le temps qui nous est dévolu doit être employé à détricoter la monnaie unique et non à nous enfermer dans une politique de sauvetage impossible.

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