Après s’être précipités pour lire Closer ou voir « les » photos, après en avoir parlé tout le week-end, soit pour s’en affliger soit pour tourner en dérision les frasques du président casqué, les Français ont donc pour les trois-quarts d’entre eux estimé par sondage que les escapades du chef de l’Etat vers une garçonnière de la rue du Cirque (sic !) étaient une affaire privée qui ne concernait que François Hollande : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir. » Tous des Tartuffe.
Après avoir dévoré l’objet du scandale et tourné sept fois la langue dans la bouche ou le pouce sur leur téléphone portable, les hommes politiques français ont, pour la plupart d’entre eux, affirmé respecter la vie privée du président de la République et garanti qu’ils
s’abstiendraient de tout jugement : « Je lui pardonne tout, de rien je ne le blâme », semblent-ils dire, ou, pour les plus téméraires : « Ce n’est pas pêcher que pêcher en silence. » Tous des Tartuffe.
Comment croire en effet que la vie de l’Elysée n’est pas tourneboulée par ce vaudeville moderne ? Que la relation entre François, dans la partie centrale du « Château », et Valérie, l’occupante de l’aile Est dite « Aile Madame », n’en est pas perturbée au point d’affecter la fragile et stressante horlogerie du pouvoir ? Que le chef de l’Etat peut sérieusement soutenir, comme le sinistre héros de Molière : « Je ne songe à rien, qu’à faire mon devoir » ? Tous des Tartuffe.
Alors que s’approche l’une des conférences de presse les plus importantes du quinquennat, celle dans laquelle on doit enfin savoir quelle politique, quel tournant, quel Pacte le chef de l’Etat nous propose réellement, l’Elysée devrait prendre garde que les Français ne disent pas de leur Président, comme Dorine, la servante pleine de bon sens le disait de Tartuffe : « Tout son fait, croyez-moi, n’est rien qu’hypocrisie. »
Nicolas Beytout
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