Du discours du Bourget, ce grand moment oratoire qui donna il y a tout juste deux ans une impulsion décisive à la campagne de François Hollande, nous avons tous retenu la fameuse dénonciation de son « véritable adversaire, la finance », celle qui n’a « pas de nom, pas de visage, pas de parti, mais qui gouverne »… Mais il y avait plus, beaucoup plus dans ce discours : « Je suis socialiste », clamait ainsi à l’époque celui qui se revendique désormais social-démocrate. « Je veux redonner confiance aux Français », je veux « rassembler, réconcilier et unir », mais aussi « maîtriser la dette » et « rétablir l’équilibre budgétaire en fin de mandat ». Je m’engage, poursuivait-il, « à baisser les impôts des PME », à défendre «
les classes moyennes qui ne trouveront qu’avantage dans la réforme (fiscale) que nous présenterons ». Relire ce morceau d’anthologie, c’est mesurer concrètement à chaque ligne le gouffre qui sépare les promesses du candidat de ce qu’il en est advenu en 24 mois seulement. Et jusqu’à sa vie privée puisqu’il expliquait solennellement à l’époque qu’il se donnerait « pleinement, entièrement à la seule cause qui vaille : servir la France »…
Relire cette longue harangue, c’est aussi comprendre pourquoi les Français se détournent de plus en plus de la politique et rejettent toujours plus nombreux les promesses de leurs élus. La dévalorisation du politique, la démonétisation de la parole publique sont là, brutes de comparaison entre le rêve et le réel.
Heureusement, il n’y avait pas que de la gravité dans ce discours, mais aussi de l’humour. Le meilleur moment ? « Le quinquennat ne sera pas une volte-face, un zigzag, une contradiction. D’ores et déjà, nous savons où nous voulons aller »…
Nicolas Beytout
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