vendredi 10 janvier 2014

La Cour des comptes encourage l'État à plus de vraies économies

Tout en saluant le cap fixé, Didier Migaud a insisté sur la nécessité absolue de réduire davantage les dépenses publiques, notamment de santé, et d'accélérer les réformes.
«La lecture de la presse vous a peut-être appris qu'un préfet avait choisi d'offrir à des conducteurs contrôlés sans alcoolémie le soir de la Saint-Sylvestre des bons d'essence d'une valeur de 20 euros, financés sur crédits d'État», a relevé le premier président de la Cour des comptes dans son discours - parlant d'un usage «choquant» de l'argent de l'État. Même si l'initiative, prise dans le Var, partait «d'un bon sentiment», elle est revenue finalement à distribuer de l'argent public à des automobilistes qui ne faisaient… «que respecter la loi!».
En choisissant cet exemple «anecdotique», Didier Migaud a une nouvelle fois mis le doigt sur un mal qui touche tous les gouvernements depuis des années: le manque de réflexion sur «le bon usage des deniers publics». Et l'ex-président de la commission
des finances de l'Assemblée d'enfoncer le clou: «Le mot d'“économies” est de ceux qui recueillent l'adhésion de principe de tous… lorsqu'il s'applique aux efforts qui sont attendus des autres.»
Puisqu'il faut faire des économies - le chef de l'État le dit lui-même -, il faut avoir du courage politique, faire des choix et surtout les assumer: voilà le message du premier des sages de la rue Cambon. La méthode du «rabot» - qui vise à réduire dans la même proportion toutes les niches - a été un temps efficace, assurant «un rendement budgétaire substantiel» et présentant «l'apparence de l'équité».

Révolution des mentalités

Mais ce temps est révolu: «Les vertus de cette méthode s'émoussent au fur et à mesure que l'usage en est répété», a insisté Didier Migaud. Soulignant aussi qu'elle «ponctionne indifféremment les services les plus utiles comme les moins performants». Mais c'est surtout «la méthode du non-choix ou plutôt le choix de ne pas arbitrer» qu'a dénoncée le magistrat. Une technique qui dispense de lancer «les nécessaires réformes», de fixer des priorités dans l'action publique ou qui «retarde le moment de le faire, ce qui est le rôle des décideurs politiques». De quoi la puissance doit-elle avoir la charge? La question revient régulièrement dans le débat, mais l'État doit surtout se la poser lui-même. Doit-il autant dépenser pour le logement sans que les inégalités ne soient réduites? Est-ce son rôle d'aider financièrement les buralistes ou de réduire les impôts des entreprises qui achètent des trésors du patrimoine français? Faut-il accorder des avantages fiscaux aux arbitres sportifs? L'heure des choix a sonné… même si cela doit passer, comme le dit Didier Migaud, par «une révolution des mentalités». François Hollande, qui a appelé l'État dans ses vœux à «se concentrer sur ses missions essentielles», est prévenu…

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