Tournera, tournera pas ? Depuis les vœux de François Hollande, au soir du 31 décembre, cette question de la plus haute importance agite le monde politique et le microcosme médiatique. A gauche, iI y a ceux qui aimeraient que ce virage se concrétise mais qui, pour ne pas paraître renier leur engagement, préfèrent soutenir que de tournant il n’y a point. Et puis il y a ceux, fidèles à l’esprit de 2012, qui dénoncent l’abdication face aux forces de l’argent et préféreraient que de tournant il n’y ait point. A droite, il y a ceux qui hésitent, et ceux qui brocardent ce tournant, dénonçant pêle-mêle les zigzags, l’incohérence ou l’indécision.
Mais tous s’interrogent sur la simple réalité de cette conversion proclamée en faveur des entreprises. Car tous savent que François Hollande avait déjà, il y a 15 mois, dénoncé l’excès
des dépenses publiques. Avait déjà, il y a 12 mois, plaidé pour la baisse du coût du travail. Avait encore, il y a 8 mois, vanté les mérites des réformes Schröder. Avait aussi, il y a 6 mois, décrété la pause fiscale. A chaque fois, on avait entendu parler de tournant du quinquennat.
Or, que s’est-il passé ? Rien. Et c’est là le plus troublant : François Hollande parle, insuffle, commande et il ne se passe rien. Le président discourt, promet, et ceux qui l’écoutent oublient jusqu’au sens de ses paroles, croyant à chaque virage entendre pour la première fois ce qu’ils avaient en réalité déjà découvert, quelques mois auparavant, et bruyamment approuvé ou fustigé, c’est selon.
Personne ne songe à nier que ses idées portent plutôt François Hollande sur l’aile droite du PS. Mais personne ne pense non plus qu’il soit dans son caractère de les appliquer, encore moins de les imposer. Parce que le virage est sa nature, le tournant son tempérament.
Nicolas Beytout
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