Après son pari perdu sur le front du chômage, le chef de l’Etat a choisi d’assumer son échec : « Le déni ne fonctionne pas ». Inspirée sans doute de la théorie freudienne, cette confidence constitue, n’en doutons pas, un nouveau tournant, après le virage social-démocrate.
On peut saluer la conversion – même tardive – du président socialiste à la politique de l’offre. Et pourquoi pas louer son habileté manœuvrière, le recours au vote de confiance permettant d’imposer à la gauche idéaliste un Bad Godesberg à la française. Mais les scores du Front national et la défiance envers les élites poussent à une autre analyse, plus inquiétante. Le revirement présidentiel et son mea culpa ne seraient qu’une étape d’un
parcours somme toute classique : d’abord le diagnostic édulcoré et les promesses démagogiques de la campagne ; puis la politique inadaptée et dogmatique du début de mandat ; enfin, avec les premiers revers, la realpolitik bricolée parce que précipitée… prélude au vote sanction. Vu sous cet angle, le déni serait à l’origine de la « dépression nationale ».
Que n’a-t-il pas dénoncé les vieilles lunes socialistes et les silences sur la gravité de l’état du pays dès octobre 2011, le candidat Hollande ! Sauf à précipiter la crise, le chef de l’Etat doit maintenant accélérer, concrétiser, se démultiplier. Et oser mettre à nu cette France bloquée par ses dénis. Déni sur le rôle de l’Etat providence, impotent d’être omnipotent. Déni sur le délitement du contrat social, avec son égalitarisme mortifère. Déni sur la place de la France dans le capitalisme mondial, l’aveuglement préparant le déclassement, etc. La réforme masquée, a minima, ça ne fonctionne pas.
Rémi Godeau
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