INTERVIEW - Porte-parole du Printemps français, un mouvement engagé dans l'opposition au mariage homosexuel, Béatrice Bourges a annoncé, à l'issue de la manifestation «Jour de colère» de dimanche, qu'elle commençait un «jeûne spirituel» jusqu'à la destitution de François Hollande. Elle a l'intention de rester jour et nuit devant l'Assemblée nationale.
LE FIGARO - Une grève de la faim pour demander la destitution du président de la République, n'est-ce pas un peu excessif?
Béatrice Bourges. - Je pense que la France le vaut bien. Moi je me bats vraiment pour mon pays, car je pense qu'on est en train de tuer l'âme de nos enfants. Cela fait un an que l'on proteste et qu'on ne
nous écoute pas. Que puis-je faire de plus que donner ma personne? Ce sera dur mais cela prouvera qui je suis et qui sont les gens qui m'entourent.
Je m'appuie sur quelque chose d'ultra non-violent et d'ultra-légitime. Deux mois et demi avant les élections, j'aimerais savoir si les députés, comme certains le disent souvent, souhaitent vraiment le départ de François Hollande. Je leur offre sur un plateau d'argent la possibilité de montrer leur loyauté: l'article 68 de la Constitution autorise les élus des deux assemblés à engager une procédure de destitution du président de la République pour «manquement grave» à l'exercice de ses fonctions. Si je n'avais pas fait ce geste, les députés n'auraient rien tenté. Là une vie non-violente est en jeu.
Vous vous dites non-violente, comme votre mouvement, mais le «Jour de colère» d'hier s'est terminé dans la violence…
La manifestation s'est passée admirablement bien, avec des gens qui avaient des colères différentes. Si les gens de la manifestation avaient voulu en découdre, ils l'auraient fait pendant la manifestation… Moi, les violences, je ne les ai pas vues, je n'y étais pas. Ce que je sais de différents témoignages crédibles, c'est qu'il y a encore eu des infiltrations de forces de l'ordre. Huit minutes après la demande de dispersion, ils commençaient déjà à gazer les gens… Mais là, c'est le problème de Manuel Valls, pas le mien. Il faut préciser que même ceux qui se sont mis en colère n'ont rien détruit: il n'y a eu aucune vitrine brisée, aucune voiture brûlée.
Avec mon jeûne, je voudrais prouver que la colère, ce n'est pas la violence. On nous a traités d'extrémistes, on a trouvé que j'étais radicale. Aujourd'hui je pars avec mes armes à moi, des armes spirituelles. Le jeûne spirituel, c'est une arme extrêmement puissante.
Dans le défilé de dimanche, on a entendu des slogans antisémites…
J'étais devant. Je n'ai rien entendu. Mais il y a tellement de désinformation… Évidemment, je ne peux que condamner de tels slogans. Mais je suis comme saint Thomas, je n'y croirai pas tant que je n'aurais pas entendu un enregistrement. Quant à Dieudonné, il n'était pas là. Et il n'était pas non plus parmi les cinquante partenaires de «Jour de colère». Parmi ces partenaires, d'ailleurs, il y a des pro-mariage homo, et moi qui suis contre, j'ai défilé avec eux! Cela montre que «Jour de colère» est très particulier: c'est une coagulation de différentes colères, et non une plate-forme politique.
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