Jusqu’où ira la précocité de François Hollande ? Prompt à abandonner son credo de « présidence normale », premier chef de l’Etat de la Ve République à toucher aussi vite les bas-fonds de l’impopularité, diligent à démontrer qu’il avait échoué dans son objectif phare de baisse du chômage, voilà qu’il s’apprête, vingt mois après son arrivée à l’Elysée, à changer de politique. Ou plutôt, selon un entourage soucieux de nuancer l’audace rhétorique des vœux, à assumer enfin une ligne social-démocrate à laquelle il n’aurait jamais cessé de croire in petto… Ce « non-tournant », cette « même politique » n’auraient donc rien à voir avec un reniement ou un aveu d’échec, mais relèveraient d’un « approfondissement », mieux d’une « accélération ». Si tel est le cas, qu’il nous soit permis une exhortation alors que la France décroche en Europe : encore un effort, Monsieur Président !
Un effort pour rendre limpide ce qui ne l’est toujours pas sur la réduction des dépenses
publiques, le reflux fiscal, le choc de simplification... Un effort pour passer du « Dire et redire ce que l’on ne fait pas » à l’adoption effective de l’adage: « Dire ce que l’on fait et faire ce que l’on dit ». Encore un effort pour coordonner cette conversion au réel avec un gouvernement et une majorité pour l’instant en désordre de bataille.
François Hollande sera-t-il capable d’assurer, comme un Tony Blair : « La gestion de l’économie n’est ni de droite, ni de gauche : elle est bonne ou mauvaise » ? Et pourra-t-il dans un discours plagier un Gerhard Schröder : « Nous allons devoir couper dans les prestations sociales, encourager la responsabilité individuelle et exiger plus d’effort de chacun » ? Si oui, il sera temps de saluer la rupture présidentielle. Mais pas avant.
Rémi Godeau
Réagisse
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire