Ce sont ses amis socialistes, ceux qui l’ont pratiqué pendant une décennie à la tête du Parti socialiste, qui en parlent le mieux, eux qui ont si souvent expérimenté « la méthode Hollande » : il parle, il séduit, il promet, il embrouille, et le lendemain, on se réveille avec le sentiment d’avoir été floué. Si le discours introductif de la conférence de presse du président de la République, mardi, était effectivement séduisant, prometteur sur le plan des réformes et du rôle enfin reconnu aux entreprises dans le fonctionnement et le redressement de l’économie, il faut bien admettre qu’au lendemain de ce bel exercice de communication, s’est installé un insistant parfum d’embrouille.
Sur le calendrier d’abord : on pensait le sujet du coût du travail et des marges des
entreprises urgent. Pourtant on attendra 2015 au mieux pour commencer à réduire les cotisations familiales des entreprises. On est loin du « choc de compétitivité ».
Même incertitude sur le financement de cette nouvelle politique. C’est même d’un épais brouillard qu’il s’agit : si on met bout à bout tout ce qui a été promis à Bruxelles, aux marchés et aux entreprises, on aboutit au chiffre véritablement astronomique de 40 à 45 milliards par an de baisse des dépenses. C’est un programme de guerre budgétaire et de coupes sociales sans commune mesure avec les pistes avancées par François Hollande, et qui exigerait, s’il était appliqué, de remettre lourdement en cause plusieurs missions de l’Etat et autant de prestations sociales… Quant aux impôts des ménages, devenus « lourds, trop lourds », on ne parle plus de les réduire. Le ras-le-bol fiscal et la réforme ont été escamotés.
Bousculer le jeu, renverser la table des promesses, déplacer les lignes, enjamber les clivages est habile politiquement. Mais pour l’heure, la social-démocratie à la Hollande ressemble plutôt à de la social-acrobatie.
Nicolas Beytout
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