Au quatrième jour du blocage et de l’occupation par la CGT de l’usine Goodyear d’Amiens, on attend toujours une condamnation solennelle des méthodes du syndicat. Seul Arnaud Montebourg a émis une protestation, expédiée en quelques mots à l’Assemblée nationale. Mais au ministère du Travail, pas une voix ne s’est élevée, pas un mot même pour condamner la séquestration et les gestes d’intimidation exercés contre les deux cadres otages de cette violence syndicale. Pas un communiqué officiel, pas davantage de déclaration du ministre en charge, Michel Sapin, spectaculairement absent.
Un silence lourd de sens, aussi glaçant que les propos d’un Jean-Claude Mailly, le leader de
FO, pour qui cette affaire « n’est pas un drame », aussi pesant que le déni du patron de la CGT, Thierry Lepaon, qui comprend-sans-cautionner-tout-en-refusant-de-condamner. Le ferait-il d’ailleurs que ça ne changerait probablement rien. Avec un mélange d’évidente mauvaise foi et de faiblesse intrinsèque, les organisations syndicales camouflent en effet derrière le paravent de leur statut confédéral un manque criant d’autorité de la tête sur les jambes, du centre national sur les sections locales et professionnelles.
A la recherche des clefs qui pourraient lui permettre un jour de déverrouiller l’emploi et de réduire le chômage, François Hollande avait déjà trouvé qu’il fallait réduire le coût du travail. Il vient de dénicher le deuxième passe en s’adressant directement, le 31 décembre au soir, aux entreprises et au patronat. Mais il lui manque toujours la troisième clef, indispensable elle aussi : celle qui permettrait enfin à la France d’avoir des syndicats à la hauteur du défi réformateur qui l’attend. Des syndicats responsables. C’est à eux que François Hollande doit maintenant proposer un « Pacte de responsabilité ». Ce serait là le vrai virage du chef de l’Etat.
Nicolas Beytout
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