La gauche de la gauche critique les propositions du président lors de ses vœux.
« Hollande a parlé. Les huîtres baillent! Passons aux choses sérieuses: à taaable!» Contrairement à ce que ce message du 31 décembre pouvait laisser entendre, Jean-Luc Mélenchonn'a pas suivi les vœux du chef de l'État en France devant un plateau de fruits de mer. L'ex-candidat à la présidentielle du Front de gauche est en visite en Équateur depuis plusieurs semaines. Là-bas, la tradition du Nouvel An - «los años viejos» - consiste à brûler un mannequin à l'effigie d'une personne détestée, souvent un politique. Nul doute sur le choix de Mélenchon…
Le 1er janvier, l'eurodéputé a publié sur Twitter un vœu laconique: «qu'ils s'en aillent tous!» Condition sine qua non, selon lui, pour
l'avènement des «jours heureux» et du «temps des cerises». Son bras droit, François Delapierre, s'est pour sa part exclamé: «champagne pour le CAC 40, gueule de bois pour les Français», moquant «ce président éternellement satisfait» qui «l'est surtout de lui-même» et a «resservi» lors de ces vœux «un pot-pourri des poncifs néolibéraux appliqués cette année».
Mélenchon, de son côté, va développer ses propos le 16 janvier lors de ses vœux, trois jours après ceux du secrétaire national PCF, Pierre Laurent. Mais déjà, les communistes ont donné le ton, critique et sarcastique à l'égard du gouvernement et du président, dans une courte vidéo humoristique qui connaît un succès sur Internet… Sur tous les sujets qui fâchent à gauche, que ce soit la retraite à 60 ans, la transition écologique, la taxation des ménages, les sans-papiers, la fiscalité, la fermeture des hôpitaux ou les augmentations de salaire, les ministres sont mis en scène, silencieux et gênés, face aux interrogations des Français…
Ce ressentiment face à la politique du gouvernement, Olivier Dartigolles l'observe dans sa campagne. Porte-parole du PCF et candidat Front de gauche à Pau, il dénonce la volonté de l'exécutif «d'agir uniquement sur le coût du travail». Un «dogme enkysté qui ne fonctionne pas, ne sert qu'à cajoler le Medef et les entreprises, sans aucun effet positif sur l'emploi et la croissance».
Rejet du sytème
Dartigolles est inquiet, à l'image de son parti. «Cette orientation qui va droit à l'échec, indique-t-il, n'ayons pas l'illusion qu'elle puisse profiter à une partie de la gauche.» Tous les jours, «jamais autant» depuis qu'il milite, le candidat sent monter le Front national. «Le FN, il se palpe très concrètement dans un immeuble ou une rue, il est installé.» Chez les électeurs de Hollande, au premier ou au deuxième tour, il sent «un rejet de la gauche, un rejet du système. Et, précise-t-il au sujet de la gauche radicale, nous sommes au cœur du cyclone.» Dartigolles ne craint pas tant pour les municipales - «la nationalisation du scrutin est variable» - que pour les européennes. L'Europe passant pour «la source de tous les maux». En ligne de mire, Hollande et sa politique «qui ont provoqué le retour d'une France sous tension». Mais aussi ceux, dans un Front de gauche au bord de l'implosion, qui pensent tirer les marrons du feu sans que le FN en bénéficie.
Depuis le congrès du Parti de la gauche européenne à Madrid en décembre, c'est la rupture entre Laurent et Mélenchon. Ce dernier refuse toute photo ou prise de parole commune avec son alter ego PCF jusqu'aux municipales. Pour ne pas brouiller l'image auprès de cette partie de la gauche radicale qui rejette toute alliance avec le PS… L'absence de dialogue risque de provoquer de sérieuses difficultés aux européennes où Mélenchon est candidat. Plutôt que de retourner dans le quart Sud-Ouest, il rêve d'affronter le patron du PS, Harlem Désir, candidat en Ile-de-France. Or côté Front de gauche, c'est le patron PCF de L'Humanité, Patrick Le Hyaric, qui est le sortant et candidat. Pour Mélenchon, il représente aussi la ligne de l'alliance avec le PS. Une raison de plus pour l'inciter à se présenter en Ile-de-France?
L'UMP attend du concret
Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, a affirmé jeudi que François Hollande avait cherché à se «démarquer» de son premier ministre, lors de ses vœux mardi soir. «On a bien vu qu'il essaie de reprendre la main puisque le premier ministre l'avait court-circuité sur cette pseudo-réforme fiscale. Là, le président dit “j'assumerai, j'assumerai”, ça ressemble un peu à “moi président, moi président”», a-t-il ajouté.
Le député de Seine-et-Marne, maire de Provins, a par ailleurs approuvé la baisse des charges des entreprises que le président de la République a annoncée. Une mesure que l'UMP défend par ailleurs: «La seule différence, c'est qu'on pose les propositions sur la table», a expliqué Christian Jacob.
«Sur certains sujets stratégiques pour le pays, on doit pouvoir faire une unité entre la droite et la gauche», a expliqué pour sa part l'ancien secrétaire d'État Frédéric Lefebvre auFigaro, en approuvant l'objectif de baisse des charges affiché par François Hollande. «Évidemment, je n'ai pas la même vision économique et politique que François Hollande mais on ne peut pas faire de la politique en passant par pertes et profits les intérêts du pays», a ajouté le député UMP des Français de l'étranger, «ce serait dix années de perdues pour la France».
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