C’est une grande première : en expliquant que « tout le monde au sein de ce gouvernement partage la position d’Arnaud Montebourg » pour qui l’euro est trop fort, Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, a officiellement exprimé le souhait de la France de voir la monnaie européenne se dévaluer. Dans la bouche de politiques allemands, ces déclarations auraient fait l’effet d’une bombe. Dans la bouche des Français, elles doivent inspirer à tous les bons élèves de l’Europe de l’inquiétude, peut-être même une sensation de scandale. Outre qu’ils reviennent à piétiner la sacro-sainte séparation entre les politiques et la banque centrale, ils accréditent en effet l’idée que la France a déjà compris qu’elle ne parviendrait pas seule à redresser son économie. Et qu’il lui faudrait une bonne vieille dévaluation.
Ah, comme il était bon, ce temps béni des dévaluations répétitives, ce doux euphorisant qui
nous a si souvent permis de restaurer artificiellement notre compétitivité. Cela fait plus de 10 ans que nous en avons été sevrés, et notre économie malade en réclame toujours sa dose.
Au pouvoir depuis près de 2 ans, les socialistes ne peuvent plus incriminer Nicolas Sarkozy et son bilan pour excuser leurs médiocres performances. Ils ne peuvent pas davantage continuer à s’en prendre à la crise : les signaux de sortie de dépression se multiplient en Europe. Il leur faut donc un nouveau coupable qui les exonère de leurs responsabilités et permette à la porte-parole de dire, sans craindre d’alimenter l’euroscepticisme à 3 mois des élections, que nous devons « nous protéger davantage avec une monnaie qui permette à nos entreprises d’être les plus compétitives ». C’est vrai, nos entreprises manquent de compétitivité. Mais c’est la responsabilité du gouvernement français de la restaurer. Pas de la Banque centrale européenne.
Nicolas Beytout
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire