vendredi 21 février 2014

Ukraine, Venezuela, Nigeria : trois poids une mesure ?

Posted by Lucien SA Oulahbib on 21/2/2014


4 morts au Venezuela dont une jeune étudiante de 21 ans, 100 morts au Nigeria, et pourtant toute la classe politico-médiatique occidentale n'a de yeux que pour l'Ukraine (60 à 75 morts) avec l'inoxydable Elkabbach sur les barricades de Kiev. Pourquoi ?… Et que fait Mélenchon motus et bouche cousue sur son blog ? Pourquoi ne va-t-il pas à Caracas arrêter le futur bain de sang ? Au moins BHL mouille sa chemise, même s'il prend souvent des vessies pour des lanternes…
Une explication possible : peu de gens se bousculaient au portillon en 2004 pour soutenir ladite "Révolution orange"…alors que les mêmes problèmes se profilaient déjà : corruptions à tous les étages, tiraillements entre l'Ouest catholique pro européen et l'est orthodoxe pro Russe, sans oublier que cet aspect binaire est loin d'être exact puisque l'on peut fort bien être russophone et pro-démocrate, ultra-nationaliste et anti-démocrate voire anti-russe..
Aujourd'hui la classe politico-médiatique occidentale se mobilise, bien plus qu'elle ne l'avait fait en 2004 ou lorsque Poutine écrasait la Tchétchénie. Pourquoi ? Parce que Poutine a
dépassé les bornes du politiquement correct d'aujourd'hui en s'attaquant au relativisme petit bourgeois et sa propagande en faveur non plus de l'égalité des sexes, mais de "l'égalité des genres", ce qui, d'emblée, dans la locution elle-même, en dit long puisque "sexe" en implique deux, tandis que "genre", l'in(dé)finie variété…
Poutine, en refusant ce prétendu "progrès" , a remplacé Bush fils et Sarkozy dans la haine petite bourgeoise boboïsante dominante aux USA et en Europe (pourtant les Kurdes en Irak se portent bien mieux, de même que les Berbères en Libye, même si ce n'est pas encore ça).
Poutine est bien plus haï que Bush parce que la propagande "gender" est en fait devenue l'alpha et omega aggloméré des courants post-communistes, de la deep ecology, du social-étatisme, du courant libertaire/libertin, tous soucieux de transformer la "matière" humaine en immatériaux "multi-genre" et multi-fonction en attente de sa mutation cyborg sans freins ni limites.
Théorie du Gender (qui "n'existe pas" bien sûr alors que Foucault en a fait le socle de sa théorie du pouvoir et de la "mort de l'Homme" comme je l'ai démontré dans de nombreux livres), lutte contre ledit réchauffement climatique (afin de relancer la machine économique) relativisme culturel (qui soutient l'islamisme en Syrie) sont les diverses mamelles idéologiques de la nouvelle Méduse. Sauf que la combattre signifie pouvoir couper toutes ses têtes en même temps sous peine de les voir repousser sans cesse. On l'a bien vu en 45 lorsque la tête nazie fut coupée mais point la tête communiste.

D'où l'idée de permettre aux peuples de pouvoir dire aussi "non" en créant un contre-pouvoir au niveau mondial distinct des États et des ONG. Un voeu pieux sans doute. Mais il serait intéressant d'entendre des députés issus des diverses Nations exposer les nombreux courants d'opinion qui maillent la planète. Pourquoi faire ? Tenter de penser les problèmes communs sans pour autant vouloir imposer une manière d'être. Il ne faut pas confondre le tenir ensemble sur des bases et principes nécessaires à tous et le fait qu'il puisse se forger selon les histoires spécifiques.
Ce n'est pas parce que les idéologies du passé – qui ont prétendu à un universalisme uniformisant -ont failli, tout en restant encore cependant sur le devant de la scène, telle cette lumière stellaire provenant d'étoiles pourtant déjà mortes, qu'il faut désormais condamner tout effort de prendre en main les affaires communes au niveau également mondial, sans passer par les États et par les factions.
L'Esprit républicain, se perçoit aussi dans cette capacité à penser la chose publique au-delà des intérêts, y compris celui des États, car ceux-ci ne peuvent pas s'empêcher de penser, d'abord, à leur propre conservation en tant que technostructure alors que celle-ci est supposée être au service du Peuple. Sauf que, comme l'a montré Montesquieu à la suite de Hobbes et Locke, toute structure vivante (puisque composée d'humains) cherche son indépendance et donc ne peut être arrêtée dans sa course vers elle-même (la Volonté se veut elle-même disait Nietzsche, Heidegger n'a fait que bégayer ce point) que par des contre-pouvoirs. Ils existent certes de façon informelle grâce à la liberté d'expression et à l'action des esprits critiques, mais les États sont des monstres froids capables de les détruire comme cela se passe sous nos yeux avec l'hégémonie médiatiques des idéologies mortes et pourtant mortifères.
L'ironie veut que cela soit la lutte inter-étatique entre l'Occident dominé par le nihilisme cynique affairiste d'un côté, et un Orient autocratique dominé par l'auto-fascination mystique et également affairiste de l'autre côté, qui permet encore un certain jeu démocratique : pour combien de temps si les peuples ne se réveillent pas et n'entament pas enfin une réelle révolution libérale- républicaine capable à la fois d'innover (affinement positif) et de consolider (conservation positive) ce qui doit perdurer dans son être, tout en se distinguant de ce qui n'est plus mais veut encore "survivre"(disait Derrida) aux crochets des peuples (conservatisme négatif).

La lutte n'est pas entre Tradition et Progrès mais Affinement positif et Conservatisme négatif car des traditions nouvelles émergent toujours, au détriment ou à côté de traditions anciennes. Leur conflit est le moteur de l'Histoire humaine, du moins si l'on généralise ainsi la loi des contradictions que Marx avait pris chez Hegel mais qu'il avait réduit aux conflits entre classes alors qu'il s'agit du conflit entre ce qui vit pour le plus grand nombre, et ce qui se vit pour satisfaire le plus petit nombre ; c'est ce que ne comprend pas un Vincent Peillon qui prétend continuer la Révolution française alors qu'il l'exacerbe dans son idéalisme au lieu de revenir sur Terre et de s'occuper de cette dernière avec douceur et élégance. Au lieu de la traiter en "matériel".

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