Si « les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir », comme le disait Pierre Dac, l’accumulation des alertes envoyées par tous les économistes, la Cour des Comptes et maintenant la Commission de Bruxelles ne laisse plus place au doute : la France n’a aucune chance de tenir ses engagements européens. Bercy pourra toujours chicaner sur la pertinence des outils statistiques de Bruxelles, la tendance est limpide, le constat brutal : la politique économique de la France est un échec.
C’est en réalité un signal dramatique que vient d’envoyer la Commission. Pas seulement
parce que l’Europe va s’agacer et Berlin perdre patience : on trouvera toujours de talentueux hauts fonctionnaires pour plaider la tolérance et chercher l’arrangement. Mais les Français ? Comment peuvent-ils garder confiance ? Quoi ? On leur explique depuis quelques mois que nous suivons un plan surhumain de réduction des dépenses, que jamais un tel effort n’a été réalisé, que la rigueur s’installe à tous les étages. Quoi ? On leur annonce des baisses de charges, des pactes de ceci, des inversions de cela. Et rien ne vient, aucun résultat concret. Tout ça pour ça ?
La réalité est beaucoup plus prosaïque : ce que fait la France en matière de réformes est loin de ce qu’ont réalisé les pays qui ont eu à guérir de la même maladie. Aucune mission de l’Etat n’a encore été mise en débat, aucune privatisation massive évoquée, aucun choix courageux n’a été fait sur les fonctionnaires auxquels on préfère raboter année après année le pouvoir d’achat. Les Français ont ainsi l’impression qu’on les maltraite tous les jours, alors que Bruxelles nous reproche de traîner, de dormir en repoussant les échéances. Attention, Pierre Dac, encore lui, le savait bien : « Si la fortune vient en dormant, ça n’empêche pas les emmerdements de venir au réveil. »
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