Chassez le naturel, il revient au galop. Pendant que François Hollande tente de donner de la consistance à sa récente social-démocratie, la majorité s’évertue à compliquer la tâche des entreprises et à leur imposer de nouvelles contraintes. Pendant que le chef de l’Etat promet aux patrons des baisses de charges, son ministre du Travail et ami, Michel Sapin, menace ainsi de sanctions financières les entreprises qui ne mettront pas en place de contrat de génération, ce dispositif bricolé sur un coin de table de permanence électorale, et qui essaye en vain de lier l’embauche des jeunes avec le maintien dans leur poste de salariés plus âgés.
Les voilà donc, les fameuses conditions dans lesquelles doivent s’épanouir les nouvelles
relations du pouvoir avec le monde des entreprises, les voilà les mystérieuses « contreparties » : pas de création d’emploi, égale sanction. Car naturellement, ce sont les entreprises qui sont fautives. François Hollande a peut-être intégré que l’emploi dépendait d’elles, son camp reste quant à lui persuadé que la création d’emploi doit se faire sous contrainte.
A l’évidence, la conversion au réalisme économique est un long chemin de Damas. François Hollande l’emprunte assidument, en ce moment, pour rencontrer des chefs d’entreprises étrangers : un jour le patron des patrons allemands, un autre les dirigeants de filiales étrangères en France, un troisième les stars californiennes de l’économie numérique. Probablement, et c’est son rôle, fait-il son job de promotion du site France. Peut-être même s’enivre-t-il de sa propre audace réformatrice auprès de ces purs produits du capitalisme mondialisé. Mais on se prend à rêver qu’il ne leur dise rien, qu’il ne leur fasse aucune fausse promesse : ils risqueraient d'imaginer qu'il y a un double jeu...
Nicolas Beytout
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