C’est une des grandes spécialités du président de la République d’avoir toujours su concilier dans son camp des points de vue différents. Certains l’ont souvent admiré pour sa capacité de synthèse, d’autres se sont montrés exaspérés de le voir ainsi naviguer entre les contraires, promettant mezzo voce aux uns et aux autres ce que chacun voulait entendre. C’est de la politique dans ce qu’elle a de plus habile, c’est l’art de rassembler disaient les uns. C’est de la politique dans ce qu’elle a de pire, c’est l’art de tromper disaient les autres. Mais aussi loin qu’ils s’en rappellent, tous ont connu le moment où l’habileté de François Hollande se dissipait, où ses promesses s’évanouissaient.
Un mois à peine après sa conférence de presse de la mi-janvier, c’est le même phénomène
qui se produit. Tous ceux qui avaient été surpris et parfois même endormis par son hymne à la social-démocratie se réveillent en même temps. Les vapeurs se dissipent, le discours apparaît aujourd’hui dans sa vanité. Ainsi, à peu près au même moment, des deux côtés de l’Atlantique avons-nous vu se défaire cette habile construction politique que le chef de l’Etat avait tenté de bâtir. C’est une partie du PS, ici, qui lançait l’assaut contre le virage du Président, le rappelant à son discours d’il y a deux ans, lorsqu’il dénonçait la finance, son ennemi sans visage, et qu’il promettait de tordre le bras aux Allemands en les obligeant à renégocier le Traité européen. Et c’est le patron du Medef, à Washington, qui profitait du voyage présidentiel pour confier aux journalistes que, non, il n’y aurait pas de contreparties aux baisses de charges promises sous le label du Pacte de responsabilité. Un mois pour dissiper le brouillard et révéler la fragilité du pari hollandais. Un mois pour perdre encore un peu plus la main.
Nicolas Beytout
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