L’Europe, c’est à la fois du rêve et du concret, une vision et de l’action. L’un ne va pas sans l’autre : sans rêve, l’Europe devient Bruxelles et se transforme en bureaucratie tatillonne. Sans action, le rêve devient incantation et se mue en prêchi-prêcha autour du legs de Jean Monnet. A trois mois des élections européennes, on attendrait donc du Conseil des ministres franco-allemand qui se tient ce mercredi qu’il exprime une vision et propose une action. Mais rien ne l’annonce. Aucun souffle.
En réalité, il ne se passe plus grand-chose sur l’Europe depuis deux ans. Passée la
mobilisation absolue pour dominer la crise des pays du sud et juguler les forces destructrices à l’œuvre contre l’euro, chaque pays s’est replié sur lui-même. Moteur indispensable de l’Europe, le tandem franco-allemand n’a rien produit. L’Allemagne s’est occupée d’elle-même et Angela Merkel de sa réélection. Et la France, après avoir prétendu réorienter l’Europe vers la croissance, s’est recentrée sur elle-même et François Hollande sur ses inversions successives, chômage et popularité.
A plusieurs reprises, pourtant, des annonces furent faites en faveur d’une initiative franco-allemande, d’une relance, d’un projet commun. Mais rien de plus : jamais de suivi, jamais de concret. Il en ira probablement de même avec les derniers « grands projets » du Président, comme cet « Airbus de l’énergie » (sic) révélé par le chef de l’Etat français et promis à devenir un joyeux « machin » techno-subventionné. Quant à l’idée de tendre à l’harmonisation fiscale entre les grands pays d’Europe, elle serait parfaite si elle ne se traduisait, pour la France, par l’espoir de voir nos voisins faire une partie du chemin vers nos taux d’imposition stratosphériques. A l’évidence, nous serions une fois de plus loin du rêve.
Nicolas Beytout
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