On pourra dire ce qu’on veut des défauts de Jean-Marc Ayrault, mais au moins doit-on lui reconnaître une qualité : ce Premier ministre est vraiment très accommodant. Est-ce le bonheur de ne pas avoir été traité de « collaborateur » par le président de la République ? Toujours est-il qu’il supporte avec stoïcisme plus qu’aucun autre homme politique dans sa situation ne saurait endurer. Le chef de l’Etat arbitre désormais en direct par dessus de l’épaule de son Premier ministre entre les différents membres de son gouvernement et traite en personne les dossiers-clefs du quinquennat, la baisse des dépenses publiques par exemple. La tentative de Jean-Marc Ayrault de reprendre la main avec une remise à plat de la fiscalité a fait long feu, le projet meurt de sa (belle) mort. Son autorité de chef du
gouvernement est ouvertement contestée par les Montebourg, Valls, Fabius et tous ceux qui dans son propre camp alimentent avec gourmandise les rumeurs devenues insistantes de remaniement.
Et le voici maintenant, preuve ultime de sa tolérance à la douleur, obligé de se coucher devant les admonestations d’un petit parti aux grandes ambitions manœuvrières : Europe Ecologie Les Verts avait manqué gravement aux règles évidentes de solidarité gouvernementale, mais c’est le Premier ministre qui doit presque s’excuser de l’avoir mis en garde sur l’entreprise de démolition de « son » projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes.
Grâce à cette souplesse d’échine, Jean-Marc Ayrault peut espérer gagner en longévité ce qu’il a perdu en autorité. Grâce à cette faculté d’encaissement, François Hollande peut éviter un clash dans sa majorité et encore espérer limiter les revers électoraux qui s’annoncent. Quant à savoir si l’image de la majorité et la confiance dans le gouvernement en sortiront grandies, la réponse est évidemment non. Sans ambiguïté.
Nicolas Beytout
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