MSC Croisières est prêt à régler 2,4 milliards d'euros. Ce prix exige un accord de compétitivité.
Le croisiériste italien MSC n'est pas près de signer sa commande de deux paquebots fermes et de deux options aux chantiers navals STX de Saint-Nazaire. Pour que soit paraphée cette commande d'environ 2,4 milliards d'euros, le constructeur français doit en effet baisser son prix, jugé peu compétitif par MSC par rapport aux offres des chantiers navals européens concurrents.
La direction de STX France a proposé à ses salariés la signature d'un accord de compétitivité, afin de réduire ses coûts et baisser son prix. Jeudi, deux organisations syndicales, la CFDT et la CFE CGC, ont donné leur feu vert, en précisant qu'il s'agissait là d'«un choix douloureux mais responsable pour (leur) avenir». Mais ces deux syndicats ne représentent que 47 % des salariés de l'entreprise. Or l'accord doit remporter la majorité des suffrages pour être entériné.
faire pencher la balance, alors qu'un revirement de la CGT reste inenvisageable. Pourtant, vendredi en fin de matinée, les adhérents de FO ont dit non. «En l'état, cet accord est inacceptable, souligne Jean-Marc Perez, secrétaire adjoint de la section FO chez STX France. On nous demande de supprimer 7 jours sur 14 de RTT pendant 6 ans, nous réclamons que cela soit limité à 3 ans. Nous demandons aussi l'abandon de la proposition sur l'annualisation du temps de travail et l'amélioration des indemnités temporaires dégressives.»
Si ces trois points ne sont pas concédés par la direction de STX France lors du conseil d'administration du 5 février, FO fera alors valoir son «droit d'opposition» qui invalidera l'accord de compétitivité signé par les deux autres syndicats. FO, en position d'arbitre, fait monter la pression: «Nous allons demander au gouvernement de tout faire pour que le conseil d'administration valide la commande de MSC», conclut Jean-Marc Perez. L'État, qui détient 33 % du capital, n'a pourtant pas toutes les cartes en main...
MSC fidèle à Saint-Nazaire
Le croisiériste italien n'est pas décidé à capituler. Erminio Eschena, le directeur général de MSC Croisières pour la France, est convaincu que les mentalités évoluent chez STX: «L'entreprise sait se repenser pour que la compétitivité du chantier français garde sa place à l'échelle internationale.» Pour le dirigeant, l'avenir de STX est en jeu: «Ce chantier naval est le plus ancien: il a 152 ans! Il a construit le France, le Normandie, le Divina - un bateau de croisière de MSC baptisé par Sophia Loren en 2012. Le patrimoine artisanal et industriel doit continuer à s'y développer. Mais il faut aussi tenir compte de ce qui se passe ailleurs.»
Le groupe italien veut y croire, même si la bataille n'est pas gagnée. Sa patience s'explique par le fait que tous les bateaux de la flotte de MSC ont été construits à Saint-Nazaire. Il serait plus compliqué de rebâtir avec un nouveau constructeur le partenariat conclu avec les anciens Chantiers de l'Atlantique. «Nous partageons une histoire de confiance, de complicité dans la construction navale et nous souhaitons qu'elle rayonne sur les mers du monde», s'exclame le dirigeant de MSC, qui ne semble pourtant pas prêt à renoncer à ses exigences tarifaires.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire